20120402

Les militants-professeurs du FdG nous trompent


Peut-on se présenter comme un "militant culturel breton" et vouloir voter Mélenchon?
 
Il y a quelques semaines encore, poser la question m'aurait sans doute valu des regards apitoyés et des commentaires navrés en sourdine: "Pauvre gars, il déraille. Un militant breton voter pour le candidat anti-Diwan? ça va pas la tête!"

Mais aujourd'hui ce scénario de science-fiction ou de film d'horreur devient plausible. J'en veux pour preuve la discussion que j'ai eue avec un prof de breton en cours du soir, par ailleurs en emploi précaire dans une entreprise de nettoyage, et qui m'a dit son "enthousiasme" (sic) pour le candidat Mélenchon.

"Joly, elle est dans les choux. Hollande, c'est mou du genou. Mélenchon, c'est la vraie gauche". Voilà le discours que ce militant culturel m'a tenu.
 
Et moi de lui répondre: "Mais Mélenchon, c'est un type qui exècre tout ce qui ressemble de près ou de loin à un militant breton. C'est lui qui a fait obstacle à l'intégration de Diwan dans un service rénové de l'enseignement public quand il était ministre délégué à l'enseignement professionnel et que Jack Lang était ministre de l'éducation. C'est lui qui a publié dans Libération une tribune dans laquelle il insultait Le Drian pour avoir fait alliance avec des militants bretons en 2004. C'est lui qui a traité Diwan de secte dans un débat au Sénat. C'est lui encore qui vient de s'en prendre à Hollande parce que celui-ci propose de transférer aux Régions un pouvoir règlementaire, c'est-à-dire pas même le pouvoir de voter des lois régionales dans certains domaines mais seulement celui d'adapter les lois votées à Paris aux réalités de la région. Donc, Mélenchon, c'est avec Marine Le Pen le candidat à la présidentielle le plus hostile à la diversité culturelle et à la régionalisation. Et tu vas voter pour ce mec-là? Pour un mec qui méprise ce que tu représentes, qui méprise ce que tu es?"

Et lui de me rétorquer: "Mélenchon dit des conneries, mais c'est le seul candidat qui me permet de dire qu'on en a marre de la politique libérale de Sarko! S'il n'était pas candidat, je n'irais pas voter."

Cette discussion m'a fait penser qu'il faut vraiment que les électeurs soient déboussolés pour qu'un militant breton choisisse de voter pour celui qui fera obstacle à ce que ses compétences en langue bretonne lui permettent de trouver un débouché professionnel stable... C'est peut-être cela ce que certains politologues en Bretagne appellent la "normalisation" de l'électorat breton, c'est-à-dire son alignement sur les comportements de l'électorat français.

Et pourtant je continue à penser qu'il n'y a aucune fatalité à subir le centralisme et le jacobinisme.


Christian Guyonvarc'h, UDB

adiu Nabot Ier li cal dire adieu